[CAVIE-ACCI] Le « Mining Indaba », le grand rendez-vous de l’industrie minière du continent, s’est terminé le 07 février 2020 dans la ville du Cap, en Afrique du Sud. La Chine joue un rôle clé sur le marché des matières premières, et elle représente presque la moitié de la consommation de métaux. Pour sécuriser son approvisionnement, elle lorgne sur l’Afrique, un marché stratégique pour ses entreprises et ses investissements.
Pour trouver des financements pour son projet d’exploitation de cuivre en République démocratique du Congo, la compagnie minière canadienne Ivanhoe s’est tournée vers une société d’État chinoise. Un choix qui n’a rien d’étonnant selon Louis Watum, directeur-pays d’Ivanhoe. « Je crois sincèrement que c’est plus pragmatique de travailler avec la Chine. Ce n’est plus la Chine d’il y a 35 ans. Aujourd’hui, c’est la Chine qui a de la stratégie. Tout pays dans le monde a ses risques, et la RDC a les siens. La Chine a su venir et investir dans des très grands projets. Le pays a besoin de capitaux et de la technologie, et la Chine a pris le courage de le faire. Et je peux vous assurer que leurs récompenses seront énormes », dit-il.
Les nouvelles stratégies de Pékin sur le continent visent avant tout à sécuriser des ressources qui lui seront vitales pour la suite, selon Feizhou Zheng, directeur général de VSA Capital. « Les investissements à l’étranger sont surtout guidés par la politique de l’État. Il y a 20 ans, cela visait surtout les métaux de base. Mais au cours des cinq dernières années, comme le gouvernement chinois encourage fortement les énergies renouvelables, beaucoup de métaux qui servent pour les batteries, comme le lithium, ou le cobalt, sont choisis par les investisseurs chinois », explique Feizhou Zheng.
Des stratégies qui évoluent
L’empire du Milieu est aussi présent dans les secteurs miniers d’Afrique du Sud, de Guinée, ou encore de Zambie, où Patrick Mawire, associé d’Ernst and Young dans le pays, a noté des changements dans l’approche des compagnies chinoises. « Au début, leur stratégie consistait à repérer des mines qui avaient des problèmes, qui avaient fermé : ils arrivaient avec des capitaux, et essayaient de les relancer, à bas coût. Mais ces dernières années, cela a évolué, nous savons qu’ils sont intéressés par des actifs ayant plus de valeur. Je pense que leur plus gros défi, c’est qu’en Chine, beaucoup de leurs mines fonctionnent à bas coût, et avec beaucoup de main d’œuvre. Ils ne retrouveront pas ici la même structure de coûts qu’ils ont en Chine, donc parfois, ils sont surpris, mais je pense qu’ils apprennent vite », analyse Patrick Mawire
La Rédaction (avec RFI et HMB)